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Through the Looking-Glass
28 août 2007

la bourse ou la vie, encore et toujours...

DSCN0470Cette question me trotte implicitement dans la tête depuis mon retour. Difficile d'y répondre sans hésitation.

Pour la première fois depuis longtemps, j'ai passé d'excellentes vacances. Pour la première fois depuis dix mois - je devrais dire huit ans - je me suis sentie bien. Bien entendu, j'ai connu quelques rechutes, crises d'angoisse, crises de larmes et autres moments de déprime. Cependant, ces cinq semaines loin de ma routine m'ont permis de me retrouver, un peu, et de sourire à de nombreuses reprises. Je ne me suis pas sentie contrainte, étouffée, ni gênée ; je n'ai pas éprouvé de honte lorsqu'est venu le moment de participer à la grande réunion estivale des baigneurs. Dans le regard de l'autre, j'ai presque oublié ces complexes, ces dénigrements qui m'empoisonnent depuis si longtemps. Dans mon propre regard, je savais que ce passé était là, mais j'étais heureuse de pouvoir réduire son cortège de souvenirs au silence. Pour une fois, je n'étais presque pas gênée d'avoir un corps, un corps formé de femme.
Je n'ai presque pas culpabilisé de manger normalement ou de me faire plaisir à l'occasion. Oui, toujours cet adverbe qui nuance. "Presque", parce que je ne suis pas encore complètement libre des préjugés que je nourris à mon égard. Je me suis encore moins sentie coupable de ne pas préparer tous les cours prévus... à quelques jours de la rentrée, je ne m'en veux toujours pas. Sans doute parce que mon métier me paraît à présent complètement irréel : pourtant je sais que, comme le jour où j'ai dû quitter ces lieux où je me sentais si bien, je vais devoir quitter mon confort et ma solitude pour ouvrir la porte d'une salle de classe.

J'ai peur de reprendre, je l'ai déjà dit. C'est pour cette raison que choisir immédiatement entre la bourse et la vie ne serait peut-être pas très honnête. Depuis que je suis rentrée, je n'ai qu'une envie : repartir. Tout plaquer (ou presque) et recommencer un peu plus loin, là-bas. C'est évident, j'y étais si bien. Pourtant, je sais pertinemment que ce ne serait qu'une fuite, un aveuglement volontaire, une sorte de mensonge. Ce ne serait qu'une façon de plus de refuser de faire face à ma situation. Ce serait une fuite en avant : je quitterais l'enseignement pour autre chose ; mais je n'aurais pas la preuve que je n'étais pas faite pour ça. Et, me connaissant,  je serais bien capable dans quelques années de me reprocher ce choix : encore une fois, j'en viendrais à me traiter intérieurement de lâche et de nullité (en réalité, je suis plus vulgaire), et je risquerais de remettre le doigt dans un engrenage fait d'auto-dépréciation, de culpabilité et de sentiment d'échec. "Je quitterais l'enseignement pour autre chose" : oui, mais quoi ? Je ne le sais toujours pas, sans doute en partie parce que je ne peux pas encore estimer que j'en ai fini d'enseigner. Les mois à venir m'apporteront, j'espère, un embryon de réponse et feront pencher la balance d'un côté ou de l'autre. Mais il faut bien admettre que, sur bien des plans encore, il règne le plus grand trouble dans mon esprit.

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Commentaires
N
L'échec. Encore un sentiment presque littéraire non? L'échec n'existe que par rapport à un idéal fixé, une fin de roman qui fait rétrospectivement sens, donne leur identité aux héro(ine)s, apportent les réponses, confirment qu'ils avaient bien leur place dès le début. Sinon, inachèvement, échec, nausée (?), ou juste une surinterprétation d'un évènement ("tiens me suis plantée sur ce coup-là") de la part d'un surmoi pas ravi qu'on le ramène à la basse réalité de ce monde ("bah oui dès fois, on se plante")?<br /> <br /> Mais "recommencer" n'efface pas les échecs. Pourquoi "re" commencer? Désir d'enfance où on pouvait effacer l'ardoise et refaire son addition, rien n'était grave alors? Aujourd'hui l'ardoise ne s'efface plus. Mais elle s'éloigne, s'entasse sous de nouvelles ardoises, on ne "recommence" plus mais on avance c'est sûr. Et je trouve que tu as bien avancé ces derniers temps, en cahotant un peu parfois, mais tu avances dans ta tête, dans l'espace et même dans le temps, ces dix derniers mois n'ont pas été une parenthèse mais une étape, le magnéto n'était pas sur pause tu sais, donc vas-y, avance, un pied devant l'autre et tu verras bien où ça te mèneras...<br /> <br /> Et deux phrases que j'ai oublié de te passer la dernière fois:<br /> "L'expérience ça sert à apprendre de ses conneries... pour pouvoir en faire de nouvelles" (celle là elle est de Bill forcément)<br /> <br /> "Pain is weakness leaving the body" (celle là je sais pas de qui elle est mais je la trouve bien jolie...)
P
Je sui d'accord avec Phoebs. Ton recul sur les choses saute maintenant pas mal aux yeux. Je crois qu'aujourd'hui il ne reste que quelque pas avant certaines reponses, et tu n'as pas peur de suivre le bon chemin. <br /> Je suis à tes cotés.
A
Le travail du Che et l'effet de mes sentiments, très certainement. Le Chevalier Blanc me soutient et m'encourage beaucoup, tout comme vous tous, il croit en moi, et quoi qu'il en dise, c'est aussi cela qui me fait avancer un peu. Cependant, comme je ne m'en rends pas forcément compte, je suis contente que tu me trouves plus objective, ça aussi, vois-tu, ça me rassure (sur mon parcours psychologique, notamment).<br /> <br /> Sur le manège avec Phoebs, je me suis sentie joyeuse comme une gosse. Et les sourires de Bran et du Chevalier nous regardant passer sur nos chevaux de bois , leurs yeux amusés, faisaient partie de cette joie. [jap]
P
Tu réfléchis mieux sur toi-même, ça se lit, s'entend, se voit. Tu prends du recul, est plus objective, ah ah, le travail du Che fait donc son effet ^^<br /> <br /> Cool la photo ^^ Et, qu'as-tu ressenti sur ce manège?? un peu de nostalgie ou alors t'y es-tu sentie femme? <br /> <br /> [Clin d oeil]
D
Certes il y a ce risque de culpabilité future si tu plaques tout maintenant, et je suis plutôt d'accord avec toi pour dire qu'il faut aller juste un peu plus loin dans l'expérience pour décider. D'un autre côté, je trouve ça extrêmement positif de se dire : si ce n'est pas ça je recommence, je vais autre part pour autre chose, même si le"chose" n'est pas encore défini (/me souhaite toujours pouvoir vivre d'un métier où les seules contraintes sont les siennes propres. Utopie, à nous deux)
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