c'est la rentrée
Me voici de retour dans ma verte région. Je n'avais pas vraiment envie de revenir, car rouvrir la porte de mon studio signifiait aussi refermer la parenthèse enchantée. Pourtant je n'ai jamais vraiment oublié ce qui m'attendait ici.
J'en ai même parlé... enfin, ce sont surtout d'autres qui en ont parlé, à commencer par le chevalier blanc, toujours prompt à me secourir... et à m'offrir une épaule secourable lors de quelques crises d'angoisse, dont la plus mémorable restera sans doute mon complet effondrement en écoutant des amis et collègues discuter du métier. Cette peur incontrôlable, qui devient larmes, signale la permanence de conflits irrésolus : je redoute toujours le contact et le rapport de force. Je crains de m'imposer, je panique en songeant à cette nécessité plus qu'en envisageant de transmettre des connaissances.
Aventurine, cette nuit, j'ai rêvé de toi. Tu me disais que je n'étais pas faite pour cette carrière. Je n'ai pas encore poussé la porte de mon établissement, mais plus le moment approche, plus je pense que tu avais raison le jour où tu sous-entendit réellement ces mots. Il est normal que je raisonne ainsi, j'en suis bien consciente : je n'ai pas travaillé depuis dix mois, et j'ai peur. Je sais que je dois prendre le "rrrisque" d'aimer ce métier, de m'y plaire, de m'y imposer. En somme, je dois "prrrendrrre lé rrrisque" de me laisser une chance et de réussir, d'être indulgente avec ma propre personne.