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Through the Looking-Glass
6 mars 2007

New Orleans : Saint Charles Ave. ; Mardi-gras

Le 19/02/2007 : promenade en compagnie de Frenchy le long de St Charles Ave. Maisonsmontage coloniales, dont celle qui servit aux plans extérieurs d'Autant en emporte le vent ; "japanese magnolias" en fleurs. Magnolias qui tiennent plus des arbres centenaires que des buissons que nous connaissons le plus souvent. Oak trees au feuillage verdoyant. Plaisir de marcher avec Frenchy sur le "neutral ground", terre-plein central où circulait le tramway avant Katrina, ce tramway rendu célèbre par le film de Kazan. Saveur de ces silences qui s'installent parfois entre nous et que nous n'éprouvons pas le besoin de combler. St_Charles_Ave_2
Elle me décrit la ville, m'en explique l'histoire, les habitudes, les particularités. Il existe divers types de maisons, dont certaines retiennent plus spécifiquement l'attention : les "shotguns", habitations tout en longueur desquelles l'on dit que si l'on tire une balle par la porte d'entrée, elle traverse toutes les pièces en enfilade et ressort par la porte de derrière ; les "queen houses"à deux étages et colonnades, qui évoquent la Nouvelle-Orleans de notre imaginaire. uptown
Promenade le long de Magazine street, remplie de touristes à l'approche de Mardi-gras. Passage par la parc Audubon, où les écureuils ne sont pas farouches. Nous croisons des familles en promenades, des nanies et les enfants qu'elles gardent, des étudiants qui se reposent ou s'entraînent, des sportifs amateurs qui s'exercent. De l'autre côté de l'avenue trônent les universités de Tulane et Loyola, respectivement surnommées "Jewlane" et "Goyola".
Le soir, nous assistons aux parades de lundi gras : Proteus et Orpheus, sur St Charles. Des chars (
floats) et des groupes (bands) défilent les uns après les autres, jetant beads colorés, sagaies, fleurs en tissu et "coconuts" sur leur passage.

beadsparade_de_Zulu_2
Le lendemain, lors de la parade de Zulu, Frenchy m'apprend que je ne peux obtenir de "coconut" de cette float. Lorsque je lui demande pourquoi, elle me répond : "Parce que t'es blanche". La ségrégation raciale dont elle m'avait parlé et dont je n'avais pas réalisé l'importance, la voici face à moi. Ce n'en est qu'une illustration anodine, mais révélatrice. La ville est dans la rue : "For New Orleans, it's mardi-gras, but for the country, it's only tuesday". Mardi-Gras est une institution ici. Zulu le noir et Rex le blanc reflètent deux aspects de la ville ségréguée socialement, racialement, géographiquement et rêvant d'une unité que pourrait symboliser la jonction des parades de Rex et Zulu, toujours l'une après l'autre, toujours l'une avec l'autre.

Unité que l'on a peut-être cru trouvée, écart que l'on a peut-être pensé réduit au lendemain de Katrina : les populations de la ville s'entraident pour nettoyer les rues, pour éventrer les maisons inondées et les débarrasser de toute algue toxique. Mais un an et demi après, toujours des mobil-homes rassemblés en divers points de la ville ; toujours des portes marquées d'une grande croix et d'inscriptions indiquant que l'endroit a bien été nettoyé et inspecté ;  toujours cette désolation dans le lower ninth. Depuis l'autoroute, la "I 10", on peut voir des habitations qui n'ont pas encore été rénovées, contrairement à celles d'uptown, du garden district ou du french quarter. Alors que je les regarde, Frenchy me dit : "If you wonder if it's for real, yes, it is." Oui, cette tristesse est bien réelle. C'est le début d'après-midi, après le carnaval. C'est un jour de fête. Mais cela ne peut occulter la cicatrice laissée par l'ouragan.

La déprime s'insinue peu à peu. Mon humeur s'assombrit à mesure que les heures passent, à tel point que j'en pleurerai dans la soirée, ne conservant alors de cette après-midi qu'une sensation d'épuisement.

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Commentaires
A
j'ai passé deux excellentes journées de carnaval, en dépit de la déprime, qui ne s'est installée qu'après. Je parviens à "trier" ces émotions, à les dissocier. C'est pour cela que je peux aussi raconter l'ambiance, les cris des gens "throw me something mister !", la musique, les danses des bands...
P
Cette journée au carnaval avait lair si idyllique quand tu men avai parlé...<br /> Je suis là si le down sinstalle. <br /> <br /> Bisouxxx<br /> <br /> P.S: jattends la suite bien sur, je ne me lasse pas de te lire!
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