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Through the Looking-Glass
5 juillet 2007

analyse, etc.

03tiny_doorDepuis le début de ma dépression, je suis inscrite sur un forum de discussion consacré, entre autres, à ce sujet difficile. Une section est également consacrée au thème de la psychanalyse et peut, à l'occasion, apporter d'utiles informations. Voici ce que j'ai pu lire avec intérêt sous la plume d'Anna-Lise et d'Octavie aujourd'hui.

"Papsy, à mon tour de te poser des questions : 

- tout d'abord, qui peut prétendre être un "analysé" (je veux dire quel est le critère  d'un avant et d'un après analyse) ?  Pour ma part je conserve pour tous le mot d'analysant (même pour l'analyste, qui d'une certaine façon s'analyse dans l'analyse des autres via le contre-transfert) 

- à partir de quand la dépression est elle un "symptôme" ?

Il faut comprendre ce qu'est la dépression dans son mécanisme constitutif. Je vais "faire vite"...

Il y a des dépressions névrotiques et d'autres psychotiques. Mais toutes sont liées à une blessure narcissique profonde, très précoce. Une blessure narcissique qui engendre la honte. D'ailleurs, le délire mélancolique parle de cette honte...

La dépression est donc liée au narcissisme. Contrairement à la culpabilité qui est héritière de l'Oedipe et du surmoi ( les interdits intériorisés), la honte et la dépression qui en découle, sont liées à un idéal du moi grandiose, l'image d'un soi hors d'atteinte. Et le moi alors se "déprime" à échouer devant son objet (au sens analytique). L'objet "narcissique", celui du déprimé, n'est pas l'objet oedipien, celui de la triangulation, tu l'auras compris. Il n'est pas "autre", extérieur, ou bien il est autre comme un soi, anaclitique, c'est à dire dans la dépendance. 

Tout ça pour dire que il n'y a pas de traitement de la dépression qui puisse se faire en peu de temps. C'est une analyse longue, très longue qui en viendra à bout. Les médicaments soulagent mais ils ne jouent que sur le processus neurophysiologique. Ils sont toujours nécessaires pour les états très graves de psychose mélancolique. 

Tout est une question de curseur, encore une fois. Il y a la dépressivité de l'adolescence, ou du milieu de vie, il y a des déprimes névrotiques, passagères et puis les crises de profonde inhibition motrice et idéatoire, délirantes de certaines  psychoses.

Toutes font souffrir. Mais il faut savoir qu'il y a une dépressivité naturelle (= capacité à se déprimer) et l'analyse aide à la supporter. Pour les autres, il faut faire le long chemin analytique (et/ou psychiatrique) ...

Comment je fais pour mes "crises" ?  J'attendais le recul et l'explication que me donne l'outil analytique. J'ai une mallette d'urgence perso 

Cela concerne tout le monde, et je suis d'accord avec Octavie, on reste tout le temps analysant, même quand on est passé sur le fauteuil, l'analyse continue avec ses propres analysants, ou avec un autre analyste (je sais que ce dernier cas est rare et c'est dommage... Ce n'est pas parce qu'on "s'autorise de soi-même et de quelques autres" que sa propre analyse est terminée... Certains analystes le croient qui confondent "analyse arrêtée" et "analyse finie" (mais c 'est peut être un autre débat)...

Pour revenir à ta question : on fait avec le symptôme. Le  symptôme n'est pas éradiqué après une analyse, il est déchiffré. Puisqu'on me reproche, à juste raison, d'employer un langage lacanien incompréhensible, je vais prendre un exemple simple : si tu déchiffres un texte (ex : hiérogliphes), le texte ne disparaît pas pour autant, tu l'as déchiffré, tu sais de quoi ça parle, tu sais que ça te parle, tu ne subis plus d'avoir sous les yeux un texte qui t'es adressé et auquel tu ne comprends rien...

Si on considère le symptôme comme un langage, qui dit quelque chose (voir Freud)... l'analyse consisterait donc à déchiffrer le sens du symptôme.

Le symptôme est aussi le signe d'une satisfaction pulsionnelle, et ceci est difficile à comprendre et à admettre quand on souffre.

Pour finir sur une note d'optimisme (parce qu'à parler ainsi on pourrait faire croire, à tort, que l'analyse ne change rien !), une fois qu'on a déchiffré, apprivoisé son symptôme, il diminue en intensité et en fréquence... On peut le reconnnaître quand il arrive à pas feutrés "tiens, c'est toi ma vieille amie" ! "que me veux-tu aujourd'hui", "que viens-tu me dire"... on l'accueille simplement, on attend "que ça passe", et comme on "n'en jouit plus", il s'en va... tout doucement... Ce serait ça l'analyse, ce serait ça "savoir y faire avec son symptôme" : l'accueillir, l'entendre, mais ne pas le laisser s'installer... tel un visiteur "tu restes dîner, mais tu pars après, parce que je n'ai plus besoin de toi la nuit", j'ai trouvé d'autres sources de satisfaction... un autre appareillage à ma jouissance"... 

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Ma mallette actuelle n'est peut-être pas toute constituée des outils du début de l'analyse mais elle se sert de ce que l'analyse m'a apportée et elle se constitue tous les jours ou presque de ce que m'apportent mes patients. 

Pendant une analyse, on vit. On continue de travailler, d'avoir des relations, d'aimer (enfin, on essaie, on croit que...),  et aussi de parler des symptômes. 

Certains ont disparu, d'autres repointent le nez, quelquefois ils se font plus insistants, quelquefois on doute même des outils que l'on possède...On remâche, on répète, on renâcle...

Comment est ce que la psychanalyse "guérit" / "soigne" / "opère" / agit  ? 

C'est simple, la parole a un effet abrasif, délitant...Elle érode petit à petit ce qui est là et qui fait souffrir, elle comble peu à peu les trous (par du sens, par des affects, etc), elle travaille (au sens "boulanger" )  le pétrin de cet informe qui est douloureux, invalidant, et qui est en nous. Cette parole a un effet parce qu'elle est dite à un autre qui est là et bien là ...quoiqu'on dise.

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"sauterelle  a  écrit :

Et même sans s'installer, il reste longtemps c'te sale bête ?

Et si on veut même pas qu'il reste dîner, il prend juste l'apéro, et il se casse, c'est possible ? "

Un apéro ? pourquoi pas, ça peut suffire !!!    

Il y a le symptôme fondamental et les "petits" symptômes qui vont, qui viennent, qui reviennent, qui sont remplacés par d'autres, etc...

Il est impossible que le symptôme fondamental n'y soit plus en fin d'analyse. L'analyse suit un chemin (du sympt d'entrée au sympt de sortie).

S'identifier à son symptôme, ce serait en fait accepter que tout n'est pas guérisable, se réconcilier avec la part incurable de soi-même. Il ne s'agit pas d'une attitude volontariste qui viserait à se dire "c'est bien comme ça" et ne plus se plaindre de rien, non, ce serait surtout d'arriver, par le travail de l'analyse, via le transfert, de ne plus souffrir de son symptôme. (OK, je sais que t'es là, pas loin, mais je ne souffre plus)... S'identifier au symptôme, c'est s'y reconnaître. (C'est l'opposé de la "réaction thérapeutique négative" dont parle Freud, et qui consiste, entre autres, à ne pas reconnaître qu'on y est pour quelque chose dans ses symptômes, à continuer son "chemin de croix"... alors que l'identification au symptôme aboutit à une satisfaction. "

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Commentaires
P
Racontes-moi encore une histoire mère castor.<br /> <br /> Très bien, éh oui!!! [Bravo]<br /> <br /> Je pense à toi!<br /> <br /> Bisouxxx
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