A Joe-shaped hole in the Universe (A. ROY)
Il y a un paradoxe dans ma vie. Je redoute la perte et l'abandon, mais je ne cesse de multiplier les facteurs de séparation. Je m'éloigne de tout, de tous, comme si je prenais les devants pour me protéger. Comme si je décidais de souffrir par-moi-même une bonne fois pour toutes plutôt que d'accepter de pouvoir souffrir un jour par vous. Alors je m'isole, au lieu d'aller vers vous. Je reste chez moi : c'est l'un des rares endroits où je me sente "bien", pour autant que je puisse me sentir bien quelque part. Ma tête est partout avec moi : elle ne permet pas souvent la sérénité. Je ne me sens que rarement bien. Une semaine de répit le mois dernier. Et depuis quinze jours, je reprends conscience des trous divers qui sont autant de fuites, ou de néants, dans mon univers. Un néant matérialisé, encore un paradoxe. Il me pousse à me focaliser sur certains aspects de mon existence, mais sont-ce bien les bons ? Sont-ils les plus pertinents ?
Aujourd'hui, j'espère parvenir à parler de cette peur de l'abandon. Elle me semble reliée à ma peur de na pas être appréciée, de ne pas savoir être reconnue ; cette angoisse rejoint ma crainte de ne pas être aimée, et s'achève sur une angoisse de l'échec, intellectuel, professionnel et sentimental. Mon angoisse est en en 3D. Un domaine déteint toujours sur les deux autres, et peut provoquer une descente vertigineuse dans ma propre estime. Cette perte de bienveillance pour moi-même se poursuit par un comportement addictif : pendant plusieurs mois, la cigarette ; maintenant, comme autrefois, la nourriture. Cercle vicieux par lequel la crise me fait me mépriser un peu plus. Donc je déprime. donc je me hais encore un peu plus. Donc je mange. Donc je me punis (ne plus manger à ma faim, par exemple), parce que je me méprise, et je déprime, etc. Mais l'angoisse, elle, est toujours là. Ce resserrement à la base de ma gorge, et cette envie de pleurer sans pouvoir y parvenir aussi.
Certains d'entre vous vont s'inquiéter en lisant ce billet : 1/ ça ira mieux ce soir, pour une fois je sors ; 2/ de toute façon, ça passe toujours ; 3/ parfois, il faut descendre pour remonter.