Rapide réponse à Alucard
Tu me laisses un long commentaire là. Virulent le qualifierait également. Que veux-tu que je te réponde ? "Youpi, je vais retourner dans l'enseignement ! " Non, je ne vais y retourner que résignée, pour un an j'espère, le temps de trouver autre chose. "Youpi, le ciel est bleu, les oiseaux chantent!" C'est bien. Mais ça ne change rien à la pluie qui tombe en moi : "Il pleure dans mon coeur comme il pleut sur la ville". "Youpi, je vais faire ce que je veux, sans me soucier de mes parents !" Soit. Mais qu'est ce que je veux ? Rien. Je ne veux rien. Enfin, si, je veux quelque chose, qui varie selon les moments : je veux aimer, ou je veux guérir, ou je veux l'oubli. Disparaître, pour ne plus déranger, pour ne plus usurper, ne plus être de trop.
Il y a des gens bien plus malheureux que moi : oui, je le sais pour avoir soigné certains d'entre eux. Des gens qui avaient la sclérose en plaques, par exemple. Et quand je pense à eux, ou aux enfants qui meurent de faim, sont exploités, mutilés, je m'en veux d'être si bas, si mal, si nulle, si incapable de changer mon état mental par ma simple volonté. Pourquoi ne suis-je pas heureuse ? Je n'ai pas le doit de me plaindre... et pourtant, que fais-je ? Il ne me reste que cette infâme culpabilité, omniprésente. Je ne cesse de comprendre que je m'en veux d'être ainsi, mais je ne trouve pas de sortie. La seule qui s'offre à moi est celle que je me refuse encore à prendre parce que des gens tiennent à moi malgré tout. Si je n'étais pas entourée, il y a longtemps que j'aurais choisi cette voie. "Bouge toi, secoue toi" : la pire chose à me dire. Si je ne m'étais pas secouée, je n'aurais pas de psy, je ne serais pas partie à New Orleans, je n'aurais pas pris la décision de rencontrer le Chevalier, je ne viendrais pas à Paris et je ne voudrais pas vous voir, je ne m'astreindrais pas à faire le ménage chez moi, je ne regarderais pas sur internet quelles formations me sont accessibles, je ne me demanderais pas ce que je vais faire de ma vie. C'est difficile de bouger quand on a l'impression que l'on ne correspond à rien, que l'on n'est pas capable de se faire une place dans le monde. Le monde n'attend pas ma révélation, mais je ne sais pas ou me faire une place. Honte d'être chez moi, honte d'être sans projet, honte d'être malade si jeune.