Dr Phoebs en action
Phoebs passe sur mon blog, et nous commençons l'interprétation de mes deux rêves de la nuit. D'hypothèses en suppositions, quelques éléments émergent. Présence du bleu, couleur froide, glaciale, et ma couleur favorite*. Couleur du ciel, mais surtout couleur symbolique de l'eau... et parait-il du liquide amniotique. Le thème de la renaissance et de la naissance est récurrent. Le bleu, c'est également la couleur de la Vierge : il est donc associé à une figure de la pureté,au même titre que la blondeur et que l'enfance. Un enfant blond vêtu de bleu, mais c'est un bleu empoisonné, qui va le tuer. Il dort, comme s'il était déjà mort. La pièce dans laquelle il se trouve tient du tombeau. Je me suis déjà rêvée fillette blonde vêtue de blanc. Peut-être cet enfant est-il une autre représentation de moi-même : il pourrait être le symbole de mon désir vain d'innocence, de mon sentiment tout aussi vain d'usurpation de ma propre identité (mes parents désiraient avoir un garçon, mais ont été très heureux d'avoir une fille). Il peut incarner ce que je ne dois pas oublier mais que je dois aussi laisser derrière moi. Ou, cet enfant est une représentation de ce moi, cet inconscient vers lequel je tends et que je ne peux atteindre. Le garçonnet comme noeud gordien puisque je ne parviens pas à le sauver et que, je suppose, je le laisse mourir, bien malgré moi. La veste est empoisonnée : s'agit-il d'une figuration du devoir étouffant ? de la tristesse ?
Le lapin anthropomorphe est peut-être une réminiscence du film Donnie Darko ; l'enfant blond et les citadelles volantes évoquent le roman et le film Le chateau de Hurle (Le chateau ambulant). Huit ans, huit minutes. Huit ans en arrière, j'ai découvert une partie de ma féminité. Le huit est le chiffre de l'infini : infinité de ma quête intérieure, infinité de la recherche du moi. Il reste la possibilité finale de la reprendre indéfiniment et différemment : "c'était là qu'il fallait aller" indique bien l'existence d'autres chemins à emprunter.
Je suis une femme entourée d'autres femmes. Toutes enceintes. Toutes futures mères. Mon ventre n'est pas proéminent : ma maternité est soumise à ma féminité, qui pour le moment prend encore le dessus. Je m'étonne d'ailleurs de cette discrétion morphologique. Cependant, je porte bien un enfant dont je me sens déjà la mère. Il m'arrive d'ailleurs de caresser mon ventre, geste de protection et d'amour.
Mais la vision de cette grossesse reste très scolaire : je dois remplir une grille et un graphique. Comme si je faisais de la maternité un passage obligatoire vers la féminité... Or être une femme ne se limite pas à être mère. Ma grille cependant se transforme : elle devient création et geste d'amour, elle ne se limite plus à une recension austère. Le bleu toujours présent, couleur rassurante aussi. Le jaune est ici lumière. Le rouge est-il l'amour ? peut-être. Des couleurs vives, vivantes. J'ai la certitude que cet enfant bénéficiera aussi de l'amour de sa tante.
Je suis arrivée au terme de ma grossesse. Ma mère me conduit au CHU, mais elle se trompe de chemin, car elle confond l'hôpital et un autre bâtiment. Je lui rappelle que le lieu qu'elle cherche fait face à Sainte-Anne, ce grand hôpital psychiatrique. Comme le souligne Phoebs, ici, je suis plus active face à la figure maternelle. JE l'oriente au lieu de me laisser orienter. Sainte-Anne est peut-être à mettre en rapport avec ma dépression, d'autant que la psychiatre qui assura mon suivi il y a quatre ans travaillait également dans cet institution.
Anne est la mère de la Vierge Marie. Marie, mon deuxième prénom. La Vierge, la mère, et pour moi une image de douceur et de protection.
Une nuit riche de significations.
*The Cat, je ne te remercierai jamais assez de m'avoir offert Bleu de Michel Pastoureau.