Et quand le Che est passé par là...
Le rêve... Sans doute fait-il ressortir ce que je n'ai pas compris, pas voulu comprendre, et ce que je refuse encore d'entendre aujourd'hui. J'ai peur de ce que je peux trouver en moi, peur de ce que je pourrais comprendre, de ce qui est en moi depuis longtemps et que j'ai étouffé. Je redoute un choc autant qu'un changement ; je crains de trouver derrière moi, comme les cailloux de Poucet, des années perdues, des occasions manquées. Pourquoi ? Peut-être bien par lâcheté.
Le songe s'appuie sur du réel qu'il transpose. Moi-même je m'y déplace légèrement par rapport à la réalité : je suis un peu plus active, je subis moins ce qui se passe dans mon environnement.
Tous les personnages, ou presque, sont des opposants, ou des personnes auxquelles JE m'oppose. A commencer par ma mère. Elle est celle qui met en retard, qui bloque. M'a-t-elle bloquée psychologiquement ? Pourquoi ? Comment surtout ? Si je suis la première à avoir quitté le domicile parental, je ne semble pas m'être pleinement libérée psychologiquement de l'image que mes parents ont construites. Malgré la distance géographique, et la réduction progressive de nos contacts téléphoniques, j'ai continué à agir suivant cet idéal, probablement pour rester leur "petite fille".
Il était également plus facile de répondre aux désirs plus ou moins explicites des autres, qui ne voulaient que mon bien, que d'essayer de construire cette image par moi-même, moi qui me suis toujours jugée trop influençable. Il valait mieux que l'influence vienne de personnes en qui j'avais confiance. A cela s'ajoutait les peurs de m'affirmer, de mal faire, d'errer, d'échouer, de ne pas me trouver.
Puis, une fois le processus amorcé, j'ai craint de voir naître le conflit entre mes aspirations réelles et les tâches auxquelles je me suis pliée. D'où une existence parfois perçue sous l'angle à la fois très moral et très scolaire du devoir. Faire ma vie comme je faisais mes devoirs : par nécessité, et pas toujours par plaisir, pour arriver quelque part un jour, pour obtenir et conserver l'amour des miens. Sublimation de mes désirs dans le travail.