"L'existence est une faille dans le grand diamant de l'Être" Valery
La dépression comme un arrêt du coeur et de (presque) toutes mes autres fonctions. Un moyen, plus dur qu'un autre, de refuser de continuer et de faire une pause. Un moyen éprouvant et contraignant - mais m'y serais-je contrainte sinon - de réfléchir sur ce que j'ai été, ce que je suis et ce que je veux devenir. Un moment où je suis bien forcée de constater que la seule place que j'aie jamais vraiment occupée est celle que l'on m'a assignée. J'ai craint de vouloir pour moi-même, de peur de décevoir. Passivité par laquelle je me suis bornée à ne pas déplaire quand la question était sans doute d'apprendre à plaire, à me plaire, et d'accepter de contrarier au risque de déplaire. Maturité intellectuelle et émotionnelle que je n'ai pas su atteindre, engoncée dans un désir infantile et utopique de faire plaisir à une majorité de personnes, à commencer par mes proches. Ma séduction s'est limitée au souci de faire ce que d'autres pouvaient espérer de moi. D'où une indulgence et une générosité, parfois, que je serais bien en peine d'avoir à mon égard. Et l'incapacité dans laquelle je me trouve aujourd'hui de savoir ce que je désire. Un progrès cependant en ces quatre derniers mois : le désir de dire, de comprendre, d'aller à ma rencontre (quand bien même celle-ci est douloureuse tant elle constitue une remise en cause de tout ce que j'ai fait et cru décider) et de rencontrer l'autre. Au prix de nombreuses crises de déprime, qui me permettent de dire-en toute honnêteté - que tout va bien un jour , et de vaciller le lendemain jusqu'à tomber au plus profond de la haine et du dégoût, ceux-là mêmes qui me donnent envie de me vomir.
Apprendre à prendre la vie comme elle est, et laisser le passé derrière moi plutôt que de le porter (supporter) comme un fardeau qui me fait trébucher au moindre pavé un peu disjoint. Une attitude que je voudrais apprendre et savoir tenir pour ne plus m'empoisonner la vie. Pour pouvoir grandir une dernière fois et continuer de mûrir sans avoir cette impression récurrente de n'être pas à ma place. Pour ne plus usurper ma propre existence et accepter sans culpabiliser d'être "une faille dans le grand diamant de l'Être".