Dammit, it hurts...

6h45. Comme chaque matin depuis une semaine, l'homme qui partage ma vie depuis 6 ans a embrassé mes cheveux alors que je somnolais. Puis il a pris son sac à dos, son livre du moment, ses lunettes. Je me suis levée du lit, cheveux en bataille, vision trouble du sommeil et de la myopie. Il a ouvert la porte, il s'est retourné sur le seuil. Je lui ai dit "Bye, bonne journée". Il a répondu "oui, à toi aussi". Il a commencé à descendre les escaliers pendant que je refermais la porte. 
J'ai mis mes lunettes, et je savais pertinemment ce que je verrais : les cartons de son déménagement à venir, le matelas sur le sol, que je vais replier, l'oreiller qu'il a utilisé pendant quatre ans. Et derrière cet ensemble, la bibliothèque à moitié vide désormais, l'armoire à linge où manquent ses vêtements, le meuble où ne restent que mes dvd et mes disques. Et des photographies vieilles de 6 ans, premières photos de notre jeune couple, lors d'une communion.
Nous nous sommes dit "au revoir" tout à l'heure comme si nous allions nous revoir ce soir ou demain. Mais nous ne nous reverrons pas. Il viendra demain chercher ses cartons, ses sacs, ses lithographies. Demain, quand je rentrerai, l'appartement sera à moitié vide, comme moi. La seule présence ici sera cet ours en peluche presque aussi vieux que moi, la voix d'un chroniqueur radio de France Inter, le téléphone qui sonne chaque jour à heure fixe : "Allô ? Cherie ? Comment ça va aujourd'hui ? T'as dormi ? T'as mangé ? - ça va, maman. oui oui, j'ai dormi. non, j'ai pas vraiment mangé, mais t'inquiète, j'ai pas encore perdu mon jean."
Et ce vide omniprésent laissé par celui que j'ai vu comme l'homme de ma vie, mais qui n'a pas su avancer, qui n'a pas su se remettre en question au fil des années. Je n'aurai pas d'enfants avec lui, je ne continuerai pas ma vie avec lui. Je l'ai quitté : tous me disent que j'ai eu raison, que je ne pouvais pas attendre indéfiniment ; je suis triste : Dr Freud me dit que c'est le deuil ; je suis déprimée : Dr Freud et moi voudrions comprendre pourquoi.
Mais je ne comprends pas, et je suis triste, et je suis seule.

Comments

[Phoebs]

Tu vas comprendre.
Le soleil reviendra.
Et puis, ce n'est pas un adieu, juste un au revoir.
Quelques portes se ferment mais d'autres s'ouvrent.
Prends soin de toi!