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Through the Looking-Glass
5 août 2007

Comment dire...

1Ce sont les vacances, pour moi aussi. Après huit mois d'arrêt maladie, un mois de repos dans le midi. Cherchez l'erreur. Je viens de recevoir un courrier du rectorat m'indiquant que je suis rattachée au même établissement que l'an dernier. Un souci de moins, puisque je connais les lieux et personnes, et que j'y suis un peu connue. Si cela peut m'éviter certains déboires, je suis preneuse.
En attendant, sans fébrilité aucune, la rentrée scolaire, je prépare quelques séquences, quelques cours, j'essaie de me remettre doucement dans le bain. Je bénis internet et ses ressources littéraires en ligne tout autant que l'inventeur de l'ordinateur portable. Ces séances interminables de travail ne vont pas sans susciter quelques angoisses.

Tout d'abord, l'angoisse de retourner au travail, tout simplement. Je ne veux pas demeurer chez moi, l'inactivité étant par trop insupportable, mais la perspective de retrouver le milieu scolaire ne me réjouis pas non plus. Ensuite, l'angoisse liée à la question de ma carrière : suis-je faite pour ça ou pas ? En suis-je capable ? Puis, il y a l'angoisse de parvenir à préparer des cours qui tiennent la route, et partant les élèves. Enfin, il y a l'angoisse souterraine et omniprésente, quoique je fasse, de grossir. Certains se demandent peut-être la raison de cette dernière mention. Je m'explique : quand je travaille, je ne bouge pas ; si je ne bouge pas, je ne me dépense pas ; si je ne me dépense pas et que je mange, même normalement et sans grignotage, je grossis.
Je vois d'ici le Chevalier Blanc lire ces paragraphes et dire : "Décidément, il y a toujours quelque chose pour te gâcher la vie ! Quand ce n'est pas parce que tu as mangé une glace ou un biscuit, tu culpabilises parce que tu as travaillé ! Et du coup, tu ne retires pas de plaisir d'avoir fait ce que tu avais prévu. Tu ne pourrais pas arrêter deux minutes de te pourrir l'existence ?" Et moi d'acquiescer : oui, je ne cesse de me pourrir l'existence, de faire de mon quotidien une lutte incessante contre moi-même, contre mon corps pour être exacte. La culpabilité est de moins en moins souvent liée à un "devoir" non fait qu'à l'impression d'avoir cédé à mon estomac et à la certitude que je m'élargis de jour en jour.
Rien n'y fait. Quand j'y repense, même en décembre je ne me sentais pas bien dans ce corps amaigri, que je voyais encore trop gros. Aujourd'hui, je regarde mes cuisses, mes fesses, mes hanches, et je les trouve trop rondes, trop grasses, trop larges. Je n'en finis jamais de me haïr, je ne cesse presque pas de me dégoûter. Je lutte comme je peux, mais certaines tensions sont plus fortes que les doux regards. C'est encore trop souvent la gorge serrée que je me vois, que je me vêts, que je me vis. Il y a cette peur, au fond de moi, de redevenir celle que j'étais, physiquement d'abord, psychologiquement intellectuellement. J'ai peur d'un moi passé que je ne sais pas tolérer. J'ai peur du moi futur qui devra bien lui ressembler. Alors mon présent n'est pas toujours joyeux et quelque peu angoissé, parce que je veux à tout prix gommer les défauts, mais que j'en suis incapable. On ne change pas du tout au tout. Il ne me reste qu'à m'accepter, enfin, mais pour le moment, je ne sais que me résigner. C'est un choix négatif, et non une libre décision.

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Commentaires
N
Hey ma belle,<br /> <br /> Juste une petite précision de la part d'une grande perche qui pesait 47 kilos le jour de son bac et 82 un an après (et qui est enfin casée quelque part entre les deux): l'anorexie que tu décris vomitive/restrictive c'est une pratique, la maladie elle-même c'est l'incapacité d'avoir un rapport noral à la bouffe. Au delà de la problématique du corps et de l'image c'est une question de maitrise et de pouvoir. Sportive et toute en muscle quand j'ai commencé mes conneries, le fait de me priver de manger avait dans mon cas à voir avec la volonté d'avoir une mention très bien au bac et d'entrer en prépa. Chaque kilos perdu était un point gagné. Un genre de superstition maladive. Pas parce que je ne serait plus une femme, mais parce que je serais puissante, capable d'atteindre mes buts, personne ne pourrait battre ou humilier une personne pareille. Tu imagines quelqu'un capable d'observer tous les gateaux de la vitrine du boulanger pendant 15 minutes et puis de passer son chemin? Quelqu'un capable de courir jusqu'à l'épuisement dans le sommeil? L'anorexie n'est pas qu'une question d'image, c'est une question de contrôle, de pouvoir. Ce n'est pas le fait de ne pas manger normalement qui prouve que tu es malade c'est ce calcul permanent dans un coin de ta tête "je peux grignoter ce crouton de pain si je descend et remonte les escaliers trois fois dans la journée, je ne vais pas m'assoir et lire à cette terrasse parce qu'il faut que je continue de marcher pour dépenser les calories de cette grenadine que j'ai bu à midi..." <br /> J'ai passé neuf mois à clamer que j'allais très bien, deux semaines en clinique, et neuf autres mois à m'empiffrer sans fin, j'ai dépensé une fortune chez tous les boulangers de Claude Monet à Chatelet. Regarde les premières photos d'Irlande. c'est en pédalant là-bas avec toi que j'ai commencé à penser à autre chose qu'à la bouffe sans cesse...<br /> Courage ma belle, profite du Chevalier Blanc qui m'a l'air plein de bon sens. En plus, il t'aime et ça ça rend jolie comme tout!
A
Merci pour ce commentaire Kitsune. Tu sais bien que je ne verse pas dans l'anorexie : ni vomitive, ni restrictive. Mon rapport à la nourriture n'est pas encore réglé, mais j'accepte de me faire plaisir parfois, je mange convenablement, et je continue le sport pour ne pas culpabiliser. Accepter mon corps n'est pas une mince affaire, d'autant que ce que je rejette en lui est ce qui me/le signale le plus comme un corps de femme : ventre, hanches, fesses, cuisses. Si la question du physique est présente, j'imagine qu'elle compte moins que celle de la féminité et de son acceptation.[cogiter]<br /> pfffiiiouou c'est compliqué tout çaaaaaa.....<br /> <br /> en tout cas, je sais que vous tenez à moi autant que je tiens à vous, et je fais de mon mieux pour que nous puissions de nouveau rire ensemble. [flash]
K
Comme toute fille qui se respecte tu es constamment en train de remettre en cause ton apparence physique! Ca prend parfois du temps de s'accepter et parfois on en a marre et on se moque d'être comparée à des filles complétement anorexiques qui sont fières d'être plates et sans aucunes formes!!! Moi je suis contente d'être telle que je suis. Non je ne suis pas parfaite et je ne le serai jamais! Et je ne veux pas l'être car à trop faire attention à certaines choses superficielles, on en oublie d'être soi-même! Je t'ai déjà répété mille fois ce genre de chose et peut-être que je ne suis pas apte à te comprendre de ce point de vue là mais moi je t'aime comme tu es et je refuse de te voir glisser dangereusement sur la pente de l'anorexie! J'ai une cousine qui en était arrivé à pleurer quand elle mangeait une seule cuillère à café de yahourt. Elle a été internée dans un hopital et elle n'a pas pu recevoir de visite pendant trois mois. Je refuse de te voir en arriver là!!! Alors oui il va falloir que tu apprennes à t'accepter telle que tu es, et le plus rapidement sera le mieux parce que moi comme Julie ou Bertrand, on tient énormément à toi!!!
P
Que c'est beau tout ça![Bravo]
A
Oui, Phoebs, à force de nous juger, de nous jauger et de nous interroger sans profit sur notre condition physique, nous oublions que le présent existe. et lorsque nous nous en apercevons, nous sommes parfois assez nouilles pour déplorer cette perte au lieu de prendre la résolution de ne plus "perdre" de temps en questions inutiles et destabilisantes. Une paire de gifles ! [attention]<br /> <br /> Phyl, la taille de pantalon... en ce moment, évitons d'en parler... [pff]Ce n'est sans doute qu'une impression faussée de plus, qui passera.[Zen]Le chevalier blanc m'aide bp, quoi qu'il en pense, à accepter ce corps qui me reste toujours un peu étranger, un peu ennemi.[demolite]
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