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Through the Looking-Glass
24 juin 2007

mylife dot com

fi921804Ce magnifique parallélépipède bleu ciel est une balance italienne. Elle est étonnamment bien conservée par rapport à la mienne, qui ne s'en distingue que pas sa couleur d'origine (blanche) et ses quelques tâches de rouille. Il faut dire que ma balance est plus âgée que moi : elle émigra en France à la faveur du voyage de noces de mes parents, il y a plus de trente ans. Mon installation dans un nouvel appartement m'a valu la joie d'en hériter. Et je dois dire qu'elle m'est bien utile.

Mais pourquoi vous parlé-je donc de ma balance italienne, me direz-vous ? J'en vois certains froncer un sourcil devenu soupçonneux, je vois un chevalier blanc qui s'arracherait bien les cheveux... trop tard, chevalier, tu t'es rasé la tête tout à l'heure ! Je sens que je vais recevoir quelques appels quand ce billet sera publié (enfin, si vous revenez errer par ici un jour) : "Mais c'est n'importe quoi ? Mais pourquoi tu fais ça ?" Prière de ne pas m'incendier, merci.
Oui, je surveille énormément mon alimentation. Au point de peser certains aliments : je suppose que vous devinez lesquels. Je sais que ce n'est pas normal. Cependant, que certains prêts à bondir sur leur téléphone ou leur clavier se rassurent, je m'efforce de manger à ma faim. Mais j'ai exclu presque complètement certains aliments ; je supprime autant que possible les graisses ; de sucré, ici, il n'y a que le sucre en poudre. Pas de chocolat, ni de confiture, ni de miel, ni de desserts. Des yaourts et des fruits. Bien sûr, je commets parfois des écarts, mais je parviens à ne pas sombrer trop souvent dans la compulsion. Et celle-ci n'est plus aussi violente qu'elle a pu l'être. Seule, la nourriture n'est pas un plaisir. Le repas tient de la corvée et toute substance absorbée est un mal nécessaire. Je mange pour tenir debout, faire du sport, être capable de réfléchir, aller et venir comme bon me semble. Je me nourris parce qu'il le faut bien la plupart du temps. Parfois, je partage un déjeuner ou un dîner avec un réel plaisir, mais jamais en toute insouciance.

Mon corps m'obsède. Je me comporte avec lui, avec moi-même, comme s'il fallait à tout prix me punir. Me concentrer sur ce que j'absorbe ou sur la modification de ma complexion me permet d'occulter d'autres réalités. Je savais que je savais, mais je ne voulais pas le reconnaître. Je savais que le corps et l'être sont susceptibles d'éprouver désirs et plaisirs : j'en ai eu honte. Je les ai oblitérés, me croyant dénaturée, alors que j'étais simplement comme tout le monde. La faute à quoi ? La faute à qui pour ce corps que je ne tolère pas ? La faute au(x) souvenir(s) d'enfance.
Un jeu d'enfants, surpris, stigmatisé puis tourné en objet de discours et de taquinerie durant plusieurs années.
Les moqueries de mes petites camarades de danse classique, et la menace du professeur : "Si tu ne rentres pas mieux ton ventre, je vais le piquer avec des aiguilles pour le dégonfler" ; j'avais sept ans.
"C'est pourrr le moins sadique", commente Le Che.
Et puis, et puis... une question posée à ma mère à sept ou huit ans, un soir, alors qu'elle vient de me souhaiter une bonne nuit : "Maman, est-ce que je suis trop grosse ?"
Le souvenir d'avoir systématiquement dû affronter les garçons les plus lourds lorsque j'étais judoka.
Les railleries inhérente à la bêtise adolescente au collège.
Le calvaire des vacances au bord de la mer, et ma soeur qui me demande chaque fois : "Pourquoi tu ne mets pas un maillot deux pièces ?" Trop laide, trop grosse, c'est impossible pour moi.
Je me cache sous mes vêtements, plus tard je me cache sous mes cheveux. Je ne veux pas que l'on me regarde et je ne crois jamais les compliments que l'on peut m'adresser.
Je me hais, je me dégoûte et j'éprouve le besoin de maîtriser ce corps que je ne peux pas accepter, jusqu'à l'anorexie à 19 ans, suivie de la boulimie. Le poids que je prends alors, je ne le perdrai vraiment qu'entre novembre 2006 et mars 2007, à la faveur d'une nouvelle anorexie dûe à la dépression. Je ne me sens mieux dans mon corps qu'au moment où il devient trop mince, où je peux dénombrer mes côtes dans le miroir, où mes vêtements les plus ajustés deviennent trop larges. Depuis, j'ai repris un peu de poids, un peu de muscle, et j'ai de plus en plus de mal à me supporter.
Je croyais que ce malaise était né à l'adolescence : hier, j'ai compris qu'il était beaucoup plus ancien, et que mon enfance jouait dans cette antipathie.
 

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Commentaires
P
Rooooo<br /> <br /> Ben toi tes trop belle, jadore tes cheveux, tes trop bien faite, tes intelligente, belle, douce, gentille et tout[Bravo]<br /> <br /> [flash]<br /> <br /> J'espère que tu as la forme!!!
A
Il faut vraiment qu'on demande un tarif de groupe... puisque c'etait le sujet de mon entretien samedi. <br /> Je te retourne les deux compliments, en ajoutant que tu es jolie comme tout, que tu as un superbe sourire et de beaux yeux, que tu es toute menue (beh si,tu es toute menue), et surtout, tu es futée et tu as un charme fou. Voilààà. Et ça ne me derange pas de me repeter ! [Clin d oeil]
P
C'est drôle parce que jeudi soir j'ai parlé de cela au Che. J'essaye de voir pourquoi je me trouve si moche et grosse. Un des premiers souvenirs que j'ai de moi ne m'aimant pas remonte à la maternelle...<br /> Y'a plus qu'à savoir ce qui a déclenché ça.<br /> <br /> Oui, les railleries j'ai eu aussi, surtout au collège, et au lycée aussi.<br /> <br /> Allez, tu es comme moi, tu ne crois pas aux compliments mais tant pis je t'en fais quèque z'un quand même:<br /> Tu es qqun de très féminine, et tu as des jambes de rêve!!<br /> <br /> Bisouxxx[Clin d oeil]
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