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Through the Looking-Glass
29 avril 2007

Des adieux

adieuxJ'adorais aller chez mes grands-parents étant fillette. Ce goût ne s'est pas perdu, pas plus que ne s'est effacée la souffrance du moment des adieux. Chaque arrivée chez eux est une joie, chaque départ une peine : qui sait si je reverrai encore une fois ces deux visages si chers ? Sanglée à l'arrière de la voiture familiale, je pleurais quand sonnait l'heure du retour à la maison. Souvent, au traditionnel "A bientôt", mon grand-père répondait -et répond encore, près de vingt ans plus tard - "Si je suis encore là". Aujourd'hui je vois le manque de tact qui devait attrister l'enfant que j'étais. Et qui touche encore l'adulte alors que je prends le volant de ma propre voiture pour m'en retourner chez moi. Les larmes ne sortent plus aussi facilement désormais : "je suis grande, je suis raisonnable"mais je n'en ressens pas moins un pincement au coeur, un resserrement de la gorge, un picotement aux yeux lorsque je dois dire "au revoir"à ceux que j'aime. Mes sentiments à l'égard de ces instants sont mitigés. 

Les uns et les autres m'ont serrée dans leurs bras avant de me laisser monter dans un avion, une voiture, un train, ou d'y monter eux-mêmes. Frenchy me serre dans ses bras avant que je franchisse le portail de sécurité de l'aéroport de New Orleans. Elle tient fort  pour me donner du courage pour les mois à venir, pour les choix à faire et les décisions à prendre. Je ne retiens qu'imparfaitement mes larmes. Les yeux me brûlent, ils s'embuent; j'ai la gorge serrée. Ma voix s'étrangle si j'essaie de parler normalement : je me contente ce jour-là de lui murmurer qu'elle prenne soin d'elle. Je crois que mes gestes et mes yeux ont assez bien dit le reste : que je tiens à elle, qu'elle va me manquer. "Allez, file avant que je me mette à pleurer aussi. et prends soin de toi." Je passe le portail. De chaque côté nous nous regardons. Elle esquisse quelques pas de danse pour me faire rire. Je me dirige vers la salle d'embarquement, un peu abattue. Les larmes n'ont pu sortir qu'une fois l'avion envolé.
D'autres m'ont dit au revoir depuis, et mes réactions ont été, à peu de choses près les mêmes : des larmes qui coulent seules et que l'on a trop de mal à retenir, quand bien même on voudrait ne pas faire de peine à l'autre ; des mots chuchotés parce qu'on ne peut pas faire autrement, la voix s'est perdue quelque part entre les cordes vocales et les lèvres ; des bras qui s'ouvrent et se referment parce qu'on a tant besoin de se faire sentir ce qu'on s'aime. Et puisdes annonces qui abrègent les séparations : "embarquement imminent" ; "le TGV n°**** va partir...". On se regarde une dernière fois dans les yeux, on se sourit faiblement tout en se rassurant les uns les autres, et puis on franchit la porte qui va nous séparer. On reste sur le quai, ou on s'installe à la place n° tant, avec la certitude que l'autre a compris ce qu'on n'a pas pu dire. On pleure un peu parce que ça fait toujours un peu mal de quitter les êtres aimés, mais on est heureux aussi de s'être vus, parlé, étreints.

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Commentaires
A
je n'ai pas dit que ça n'etait pas sain. je reconnais la valeur de ces larmes, Akassha (à tes souhaits).
A
Et à ton avis, tu penserais quoi de toi même et de l'amour que tu portes à ces personnes si tu ne pleurais pas ?<br /> <br /> Finalement c'est peut etre plus sain et plus beau que ce que tu crois <br /> Crois en ma vieille experience des quais de Gare ;)
P
ça me fait la même chose...<br /> Dans ces moments là il faut s'accrocher à l'image des retrouvailles futures...<br /> <br /> Pour moi les séparations sont comme un abandon définitif. Comme si les personnes que nous quittons ne feront plus jamais partis de notre vie. Un peu comme ton grand-père qui répond "si je suis encore là".<br /> <br /> Bisouxxx
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